L'église

sur la

montagne

 

Eglise Réformée Arve Mont-Blanc - décembre 1999 - février 2000 - N° 23

24 passage du temple - 74400 Chamonix - Pasteur J. Cottin

Tél/Fax: 04 50 92 09 89. e-mail : jb.Cottin@wanadoo.fr

Site internet: http://www.citeweb.net/erva

Editorial: Année 2000 : Dieu au milieu de nous

J'ai beau savoir que le chiffre de l'an 2000 n'est au fond que le fruit d'une convention très arbitraire, je suis quand même impressionné à l'idée de réaliser que j'écris le dernier éditorial du millénaire. Comme quoi, on échappe difficilement à la symbolique des chiffres, même si celle-ci repose sur de l'arbitraire (voir le calendrier des religions que nous vous proposons dans ce numéro). C'est du reste ce que nous avons constaté dans nos trois groupes bibliques, en travaillant sur le livre biblique de l'Apocalypse qui est, comme chacun sait, truffé de chiffres dont la signification est d'ordre essentiellement symbolique. Alors que dans la Bible les sont là pour nous parler de Dieu et de sa venue en Jésus-Christ, nous sommes tentés de les comprendre de manière réaliste, chronologique ou magique.

Il était donc utile d'étudier ce dernier livre de la Bible, comme nous l'avons fait pendant un an et demi, d'une part pour comprendre réellement son message (je ne sais pas si nous y sommes arrivés !), d'autre part pour être en mesure de contrer toutes les explications fantaisistes, ésotériques et syncrétistes que l'on entend sur ce livre abondamment commenté actuellement. Il est bon alors de redire que si le livre de l'Apocalypse appartient à tous, et fait partie des merveilles culturelles de notre civilisation (voir les nombreuses œuvres d'art qu'il a inspiré, à commencer par la célèbre tapisserie de Lurçat qui se trouve dans l'église du plateau d'Assy, à deux pas de chez nous) il s'agit d'abord d'un livre chrétien : il ne fait rien d'autre que d'annoncer le Christ vivant parmi nous, Dieu « au milieu de nous ». Ce Dieu qui reviendra au milieu de l'humanité dans la puissance et dans la gloire, comme il est venu en Palestine au premier siècle dans la faiblesse et la pauvreté.

Je pourrais maintenant me lancer dans de grands développements telluriques et cosmiques, un peu dans la ligne de l'Apocalypse, mais je ne le ferai pas : ce serait d'une certaine manière trahir le message du Christ. A Lui en effet le monde céleste, les préoccupations cosmiques, le chœur des anges et les grandes visions synthétiques que l'on trouve à plusieurs reprises dans l'Apocalypse (aux chapitres 4, 5, 7, 11, 19, 20...) ; à nous la tâche plus modeste mais réelle de contribuer à faire avancer le Règne de Dieu sur la terre. C'est d'ailleurs bien ce message que nous transmet l'Apocalypse, en particulier dans les lettres aux 7 Eglises (chapitres 2 et 3) : « Je connais tes œuvres, ton travail et ta persévérance » (2, 2). Plus loin, il nous est bien dit, de manière redoutable (cela nous a fait passablement discuter dans les groupes !) que nous serons jugés selon nos œuvres (Ap. 20, 12).

Revenons donc à notre Eglise locale, à l'Eglise réformée Arve Mont-Blanc. Nous constations dans notre dernier numéro que nous n'avions plus guère de familles actives avec enfants dans notre paroisse, que les jeunes désertaient l'enseignement religieux. Nous sommes heureux de pouvoir vous dire actuellement à peu près le contraire : des familles avec enfants sont venues s'installer dans notre région (ce qui en soi n'a rien d'étonnant), mais surtout elles sont venues prendre contact avec notre Eglise. Notre nouvelle formule de catéchisme le dimanche matin après le culte de rassemblement de Cluses fait actuellement recette : sont venus plus de jeunes que nous n'en attendions, à tel point que nous avons dû dédoubler le groupe en deux groupes parallèles ; des jeunes que nous n'attendions pas, car nous les pensions trop âgés, ou parce qu'ils avaient terminé un cycle de catéchisme de trois années sont revenus dans le groupe, tout simplement parce qu'ils se sentent bien parmi nous, et parce qu'ils ont envie de continuer à en savoir plus sur la Bible et sur l'histoire de Dieu. Merci donc à Manon, Laetitia, Yannick et aux autres de nous signifier par là que l'engagement qu'ils ont pris de devenir membres de l'Eglise de Jésus-Christ n'est pas un vain mot, mais qu'il signifie pour eux (comme pour nous je l'espère), un présence réelle et attentive au milieu de la communauté rassemblée autour du double partage de sa Parole et du pain et du vin, signe de sa présence parmi nous.

Ce petit épisode de la vie de notre communauté que je choisis de vous relater (il y en aurait bien d'autres à raconter), prend en ce début de millénaire une valeur d'exemple : nous réalisons de manière très simple et très concrète que la foi signifie la confiance et la non résignation face à ce qui peut apparaître comme un échec momentané. L'avenir ne nous appartient pas ; il est dans les mains de Dieu. Nous lui avons confié notre avenir comme celui du monde. Nous n'avons pas de crainte à avoir (une certaine appréhension oui, de la crainte non), car nous savons au fond de nous que cet avenir appartient à Dieu et à Lui seul. Ce que nous pouvons penser, faire, programmer concernant cet avenir n'est que peu de chose face au grand mystère de notre vie en Dieu, de l'avenir de l'humanité en Christ notre Seigneur. Cela, l'Apocalypse nous le dit à chaque page : l'avenir ne nous appartient pas. Mais l'Apocalypse nous dit également une autre chose que nous avons trop tendance à oublier : cet avenir, quel qu'il soit (le nôtre, celui de notre communauté, celui de l'humanité), l'avenir du troisième millénaire, ne peut qu'être inondé par la vision radieuse de l'amour universel du Christ pour toute créature humaine, pour toute la création, du moindre brin d'herbe ou flocon de neige que nous foulons, aux astres et planètes les plus éloignées. Dieu aime et aimera toujours l'infiniment petit et l'immensément grand de notre création, car il est et sera toujours « le Dieu qui est avec nous » ou, comme le dit le mot hébreu qui signifie la même chose, l' « Emma-nu-el ».

Pasteur Jérôme Cottin

t l Y l t u M y L t Z N t l Y N u t l Y N l t u M

 

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Aula : mot suisse romand désignant une grande salle d'une université, d'un musée