L’Eglise
sur la
montagne

N° 33 - juillet - août 2002

Eglise Réformée Arve Mont-Blanc
Pasteur : Graham Beeston
24 passage du temple - 74400 Chamonix - Tel : 04 50 55 85 60
Site internet : http://eramb.free.fr

Le mot du président

"Si chacun y apporte un peu plus que ce qu'il en retire, l'avenir de notre Association Eglise Réformée Arve Mont-Blanc est assuré". C'était l'appel lancé l'automne dernier, pour faire face à une année de "brebis sans pasteur". Cet appel a été entendu et les brebis ne se sont pas perdues : elles se sont organisées et ont assuré la continuité de la vie paroissiale. Nous le devons à la volonté de toutes et de tous, et plus particulièrement à nos prédicatrices et prédicateurs laïques, qui ont été à la hauteur de la situation à tout moment. Cette année a été une expérience fructueuse, nous apportant un rapprochement et une maturation, ce qui nous encourage à témoigner encore plus notre croyance en l'Evangile et notre confiance en l'avenir de notre Association.

Les dépliants touristiques présentent des gens heureux de vivre dans cette région - des hommes, des femmes et des enfants souriants, vivant en altitude à l'air pur, entourés de la beauté de nos montagnes. Cette image n'est pas fausse, mais partielle. Ici comme ailleurs, les gens sont par moments désemparés devant les problèmes de société, le manque de confiance dans l'avenir et les soucis personnels.

L'expérience de l'année écoulée nous confirme que des espaces parfois oubliés existent pour nous aider à tout moment. Tout le monde n'a pas une vie spirituelle intense, ni une communauté particulière de référence. Mais nos églises, nos temples et nos chapelles sont ouverts à tous. Chacun, peut s'y recueillir, se ressourcer et participer aux cultes s'il le désire, quel que soit le climat politique, psychologique ou météorologique. Prendre le temps de méditer vaut toujours la peine et permet au minimum d'en retirer un mieux-être pour soi. Et partager les fruits de sa réflexion, participer activement à la vie des gens de la vallée est un apport des plus enrichissants pour soi et les autres.

Jean-Paul Toussaint

R Vie de l'Eglise

Nos joies et nos peines
Grande Joie

Notre paroisse à la grande joie de vous annoncer l'arrivée du Pasteur Graham Beeston qui prend ses fonctions à Chamonix le 1er Juillet.

A la suite du départ de Jérôme Cottin, nous avons du passer une année sans pasteur. Elle a demandé un effort particulier de chacun, et s'est plutôt bien passée. Cependant le conseil est très heureux de pouvoir s'appuyer sur notre frère Graham que nous avons déjà appris à connaître lors de plusieurs cultes. Nous aurons l'occasion de le présenter de manière plus étendue dans le bulletin de la rentrée. Nous souhaitons de tout cœur la bienvenue à Graham et à son épouse.

é ë í Témoignage í ë é

Stéphane Fournier 37 ans est décédé à Lyon le 2 juin 2002. Une cérémonie à eu lieu le 5 juin au cimetière de Megève.

Chantal et Jean-Louis ont essayé de soutenir la famille et de leur apporter la bonne nouvelle de notre Eglise. Stéphane laisse une petite fille Marie, de 5 ans à qui Chantal a envoyé cette lettre que nous nous sommes permis de publier.

A Marie,

Aujourd'hui il pleut. Les gouttes de pluie sont comme des larmes pour dire au revoir à ton papa. Un jour le vent chassera les nuages et la pluie, le ciel sera bleu et le soleil brillera à nouveau. Tu attendras le soir quand les étoiles scintilleront dans le ciel. Tu en choisiras une qui sera pour toi, celle de ton papa. Tu pourras lui parler. Tu sais , on peut tout dire à une étoile. Quelques fois des nuages la cacheront mais tu sauras qu'elle scintille toutes les nuits pour toi.

Quand tu seras un peu plus grande, tu demanderas à ta maman de te lire dans l'histoire du " Petit prince " de Saint-Exupéry, celle du renard et de la rose.

Tu comprendras comme la rose du petit prince, que l’étoile de ton papa, est unique et que " l’on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux ".

Et moi quand je regarderais les étoiles, je penserai à une petite Marie pour qui l’étoile de son papa scintille quelque part dans le ciel.

Chantal

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Notre paroisse est de tout cœur avec la famille Dombres cruellement éprouvée par la perte en janvier 2002 de leur fille Kariannne agée de 28 ans.

 

Témoignage :
La prison

La prison, c’est, pour l’intervenant extérieur, tout d’abord un bruit, celui des clés, cent fois tournées dans les serrures, qui résonne d’un écho vite terrifiant aux oreilles du néophyte. La clé, symbole ici d’enfermement, un enfermement que subit le personnel, en même temps que le détenu, au travers de journées qui s’étirent, comme s’étire le temps qui, ici, n’a pas la même signification que dehors...

La prison ? Un endroit glauque, comme un aquarium psychologiquement " malsain ", en ce sens que personne, ici, ne peut aller " bien " dans sa relation à l’autre, tant est superficiel, pour peu qu’il existe, le dialogue, malgré la volonté de chacun d’y parvenir.

Détenus et surveillants sont enfermés, soumis sans espoir d’embellie, à des horaires, à des règlements sécuritaires, qui ne laissent pas, ou si peu, place à la spontanéité. Un endroit artificiel, donc, où les murs résonnent de l’écho de la désespérance. On pourrait faire un amalgame facile avec les premiers vers de " l’Enfer " de Dante. Mais...Il y a un " mais ", un bémol majeur, si l’on peut dire. En prison, on a affaire à des humains, c’est-à-dire à des êtres pensants, donc perfectibles. Perfectible, le détenu qui, une fois posées de bonnes conditions de réinsertion, pourrait être rendu à la société avec un potentiel créatif et relationnel de bonne qualité. Perfectible aussi, si on lui donnait les moyens de rencontrer sa victime, d’être à même de réparer, peut-être d’être pardonné! Cela paraît très utopique, mais l’expérience est actuellement tentée en Ecosse, avec des résultats très encourageants.

Quand au personnel, chacun fait ce qu’il peut. Avec toute la bonne volonté du monde, l’Administration Pénitentiaire dispose de moyens financiers très faibles. Et nombre de surveillants de détention tentent de donner un caractère humain à l’enferme-ment. Comme les visiteurs, les aumôniers qui, eux, apportent un peu de l’air du " dehors ".

En France, après le tollé soulevé par l’ouvrage du Docteur Vasseur sur la prison de la Santé, un budget a été alloué, des constructions sont en cours, un projet de loi en voie d’aboutissement, et les aumôniers ont été consultés, notamment au sujet de la déontologie. Espoir, donc, dans notre pays, pour que les droits de l’homme soient respectés, et que la privation de liberté suffise à un délinquant, sans y ajouter des traitements dégradants, qui, de par les règlements sécuritaires, peuvent exister; en prison, on côtoie le pire comme le meilleur....

Aumônier à la Maison d’arrêt de Bonneville depuis maintenant 7 ans, j’ai pu constater que c’est une bonne maison, à taille humaine (140 détenus, environ, y compris au Quartier Femmes) où l’on s’attache à sauvegarder la dignité du détenu, et où l’on conserve, par tous les moyens possibles, l’accès à la culture, qu’elle soit basique (alphabétisation) ou plus poussée (cours de philosophie). Les locaux sont irréprochables, et le personnel dynamique, et accueillant pour les intervenants extérieurs. Un établissement donc, où chacun fait de son mieux, avec hélas, les moyens jusqu’ici faibles et ponctuels accordés par les gouvernements. Nous attendons beaucoup du nouveau Ministère.

En France, l’aumônerie protestante des prisons est gérée à Paris rue de Clichy (Fédération Protestante de France) par la Commission Nationale Justice et aumônerie des Prisons, qui emploie trois permanents: Werner BURKI, aumônier Général, Véronique PICARD, secrétaire, et moi-même, rédactrice bénévole.

Espoir aussi, sur le plan international, où s’est fondée récemment une association, IPCA (International Prisons Chaplains Association), qui, dans un esprit oecuménique, regroupe les aumôniers de prison du monde entier, protestants, catholiques, orthodoxes, ouverte aux autres religions monothéistes.

Nous cherchons à améliorer les conditions de détention, à tenter diverses expériences avec détenus et personnels, dans un but de réinsertion efficiente, à échanger et travailler entre nous, sur des ateliers qui fonctionnent par Internet: femmes en prisons, groupes de silence, liturgie, étrangers en prison, thérapie Naikan, etc...

IPCA Europe s’ est réunie en mai 2001 à Driebergen en Hollande, et à Naples en novembre, pour un bilan, plutôt positif. La prochaine réunion est à St Petersbourg.

Peu à peu, d’autres pays, en dehors des frontières géographiques de l’Europe, nous ont rejoints. C’est le cas du Liban, du Québec, de l’Afrique du Sud.

C’est ainsi que nous avons appris, entre autres, qu’au Liban, les détenus sont au nombre de 50 par cellule prévue pour 6; ils dorment " par équipe ", tandis que les autres sont dans la cour! Sans parler des conditions des détenus " psychiatriques " dans les pays de l’Est...

Nous sommes en ce moment bouillonnants de projets, de l’enthousiasme inhérent à toute jeune association, et nous avons besoin de moyens accrus pour pouvoir financer les rencontres avec la moitié Sud du monde. A Naples, les délégués Bulgare et Hongrois n’ont pu venir par manque d’argent. Un des buts d’IPCA consiste à résoudre tous ces problèmes.

Il existe une Charte d’IPCA, qui débute ainsi:

" IPCA Europe travaille sur une base oecuménique, elle s’engage dans des projets fondés au départ sur la bonne nouvelle apportée au monde par Jésus-Christ ".

Ces échanges sont extrêmement précieux pour les aumôniers de prison qui effectuent souvent un travail très solitaire, mal perçu en ce siècle de négation des religions traditionnelles.

La prison est un condensé de la société, avec ses décadences, et aussi ses grandeurs. Et, comme dans la société, nous autres, chrétiens, avons à apporter le merveilleux message de l’Amour !

Claudie KLOPFENSTEIN
Aumônier des prisons,
Secrétaire du Comité Directeur d’IPCA Europe.

 

Vie de la paroisse

Paques à Chamonix : Comment louer le Seigneur?

A Chamonix nous avons passé Pâques en louant le Seigneur pour sa générosité et son amour vers nous.

Le Dimanche des Rameaux, nous nous sommes rencontrés dans l'église (un peu froide, mais nous étions autour des poêles) pour prier, chanter et lire la bible. Les enfants de l'école biblique ont créé un "jardin de Pâques" fait de cailloux, d’herbes et d'autres petites choses qu'ils ont trouvé dans le jardin de l'église. Ils créaient un modèle pour les aider à réfléchir sur la résurrection.

Nous étions encore là le vendredi Saint pour nous souvenir de l’acte merveilleux de notre Seigneur sur la croix. Nous avons écouté de la musique entrecoupée de lectures de la bible, pour nous donner un petit moment de réflexion sur ces évènements, qui nous ont donné la liberté et la vie.

A Pâques beaucoup de personnes sont venues au culte, même les familles Anglaises habitant à Chamonix, qui normalement ne viennent pas à l'église. Elles étaient là à l'invitation des autres en particulier les petits copains de leurs enfants, qui ont invité leurs amis à " Chercher des Œufs " après le culte !

La famille Macaskill était de nouveau venue dans le presbytère cette année, avec quelques amis et amies de leurs enfants. Elle a bien participé en assistant à toutes les activités et cultes, nous a encouragés comme toujours avec l'amour chrétien qu'elle montre toujours envers tous les membres de notre Eglise.

Malgré le manque de beaucoup de nos frères et sœurs en Christ, qui étaient avec leurs familles hors de la vallée à Pâques, nous avons bien célébré cette fête, la plus importante, avec deux pasteurs et une église pleine de joie et de remerciements à Dieu.

Cathie Gregg

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Note : La liturgie du culte de Pâques était assuré par Christian Krieger, pasteur de l’Eglise Réformée d’Alsace Loraine.

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Le femmes et les hommes
de notre paroisse

Jean-Nicolas Bazin 40 ans, est conseiller presbytéral depuis deux ans. Il est installé dans la région depuis 1987, marié avec Céline Kientz, ils vivent à Saint-Jeoire en Faucigny et ils ont 4 enfants, Arthur 12 ans, Juliette 9 ans, Alfred 7 ans et Albert 5 ans.

Né de parents franco-suisse, il a vécu toute sa jeunesse à Chatou près de Paris où il a fait ses études. Il a aussi consacré beaucoup de temps au scoutisme (FEEUF) qui fut une expérience inoubliable.

Céline et Jean-Nicolas sont errivés en Haute-Savoie en 1988. Il a travaillé 12 ans chez IBM à Genève. Puis après avoir ressenti la nécessité de changer de voie, il s'est mis en 2000 au service du Conseil Œcuménique des Eglises (World Council of Churches) pour y amener son savoir faire dans l'utilisation des nouvelles technologies.

Sa présence au conseil presbytéral (où il s’occuppe en particulier de la mise en page de l’Eglise sur la Montagne et du site web paroissial) lui permet de mettre en pratique ses convictions, de partager les moments de joie et de difficulté. Il regrette que très peu de jeunes familles, s'engagent réellement, pour développer la dimension communautaire de la paroisse, mais il est d'un naturel optimiste, cela viendra un jour. Le groupe réflexion-partage moment privilégié d’échange, lui montre qu’il y a une attente réelle.